Le sens spirituel de Yogi (ou Yogui ou Yoghi)

Une sorte d'ascète

Un Yogi est une sorte d'ascète qui, par un entraînement dénommé Yoga, arrive à posséder des facultés peu communes parmi les hommes. Ce terme est trop souvent considéré comme synonyme de fakir. celui-ci est au yogui, comme un prestidigitateur ou un escamoteur est à un haut sensitif, à un excellent médium.
Il est très souvent question des yoguis dans la Bagavad Gîta, ainsi dans la yoga de la science, nous lisons : « Parmi les yoguis, les uns s'assoient au sacrifice des Dieux ; d'autres dans le feu Brahmanique, offrant le sacrifice par le moyen du sacrifice lui-même. Ceux-ci dans le feu de la continence offrent l'ouïe et les autres sens. Ceux-là dans le feu des sens font l'offrande du son et des autres objets sensibles. »

Les trois états de conscience du yogui

Le yogui doit posséder trois conditions ou états de conscience. Ce sont :

• Djagrat, la veille.
• Swapna, le rêve.
• Soushoupté, le profond sommeil.

Ces trois conditions mènent à une quatrième dite Etat Turiya, qui est au-delà de l'état sans rêve, l'état suprême, celui de haute conscience spirituelle.
Aussi, le yogui arrivé si haut, ne doit plus renaître, comme nous le dit la Bavagad Gîta (Yoga de Dieu) : « L'homme qui, ne pensant à nulle autre chose, se souvient de moi sans cesse, est un Yoghi perpétuellement un et auquel je donne accès jusqu'à moi. Parvenues jusqu'à moi, ces grandes âmes qui ont atteint la perfection ne rentrent plus dans cette vie, périssable séjour de maux. Les mondes retournent à Brahma, ô Ardjouna ! Mais celui qui m'a atteint ne doit plus renaître. »

Quelques précisions

Il est une expression hindoue que nous devons expliquer ici : le Yogui doit souvent monter Hamsa (oie ou cygne), c'est-à-dire méditer sur le terme sacré AUM. La lettre ou plutôt la syllabe sanskrite A, est considérée comme l'aile droite de Hamsa, U comme l'aile gauche, M comme la queue et l'ardhamatra (le demi mètre) comme sa tête.
Voilà ce que nous apprend la Nada-Bindou Upanishad (Rig-Véda) : Certains mystiques de l'Inde placent dans Kala-Hamsa, sept plans d'êtres, les sept Lokas ou Mondes spirituels. Kala-Hamsa, le cygne hors du temps et de l'espace, qui devient le cygne dans le temps, lorsqu'il devient Brahmâ, au lieu de Brahma (neutrè). D'après le même ouvrage : « Un Yogui qui monte Hamsa n'est pas affecté par les influences karmiques, ni par les milliards de péchés. »
Voici ce que nous dit le Dnyaneshwari, le plus beau traité mystique : dans le 6e Adhyayh, le corps du yogui devient comme formé de vent, comme « un nuage d'où les membres auraient poussé ». Après quoi « le yogui aperçoit les choses qui sont au-delà des mers et des étoiles. Il entend le langage des Dévas et le comprend, et perçoit qui se passe dans l'esprit de la fourmi. »

Le véritable yogui

Voici résumé, d'après la Bagava-Gita, ce qu'est le véritable Yogui : L'homme qui se complaît dans la connaissance et dans la science, le cœur en haut, les sens vaincus, tenant pour égaux le caillou, la motte de terre et l'or, a pour nom Yôgî ; car il est uni spirituellement. Que le Yôgî exerce toujours sa dévotion seul, à l'écart, sans compagnie, maître de sa pensée, dépouillé d'espérances. Le cœur en paix, exempt de crainte, constant dans ses vœux comme un novice, maître de son esprit, que le Yôgî demeure assis et me prenne pour unique objet de sa méditation. Ainsi, continuant toujours la sainte extase, le Yôgî dont l'esprit est dompté, parvient à la béatitude, qui a pour terme l'extinction et qui réside en moi. (yoga de la soumission de soi-même). Et plus loin, le même ouvrage nous dit : « Le Yogui est comme une lampe qui, à l'abri du vent, ne vacille pas lors- que, ayant soumis sa pensée, il se livre l'Union Mystique. »