Le sens spirituel de Brahmâ


La première personne de la Trinité hindoue

Brahmâ est la première personne de la Trinité hindoue (Trimourti) ou Trinité Brahmanique. Ce terme est moderne, on ne le trouve en effet, ni dans les Brahmanas, ni dans les Védas. Dans ces livres sacrés, le créateur se nomme Hiaranyagarbha (Utérus d'or) et Prajapati, noms appliqués plus tard à Brahmâ même, considéré comme l'âme universelle, de qui tout émane et en qui tout doit se résorber un jour.
On confond quelquefois ou on assimile Brahmâ et Vishnou, parce que le premier est considéré comme une émanation du second.
L'épouse de Brahmâ est sa sœur Sarawasti, nommée par divers auteurs Saraçouati. Elle est considérée comme Déesse de la science.


Le dieu créateur

Première émanation de Brahm, issu de sa divine parole, Brahmâ passe dans toutes les traditions hindoues, comme dieu créateur. Issu de Brahm par des transformations diverses, il resta pendant plusieurs milliers d'années, absorbé dans la contemplation des eaux couvertes d'éternelles ténèbres. Il était assis sur le lotus qui l'avait vu naître et duquel il était sorti. Délivré enfin, de sa longue léthargie, par une voix mystérieuse, voix qu'il entendit dans son être même (voix intérieure, sixième sens d'après Paracelse) ; il implora Bhagavan (Vishnou et Çiva), qui lui apparut et lui fit voir tous les mondes en germe dans son être même.
Brahmâ ayant reçu de Bhagavan la faculté de tirer le monde de l'abîme de l'Océan chaotique, commença sa grande œuvre de créateur. Il fit d'abord les sept Souargas (cercles ou sphères) qui se trouvent au-dessus de la terre et qui sont ainsi disposées : le premier cercle, le plus rapproché de nous, sert de résidence à Suria ; au-dessus se trouve le cercle de Tchandra qui parcourt les cieux dans un char traîné par deux antilopes ; la troisième sphère ou Souarga est conduite par Mangala, général de l'armée céleste et commandant la foule, des Dévatas ; la quatrième Souarga est gouvernée par Boudha, fils de Tchandra (qu'il ne faut pas confondre avec Bouddha-Çakya-Muni) ; la cinquième Souarga sert de résidence aux Munis et aux Richis, sous le gouvernement de Vrischapathi ; la sixième est commandée par Soukra ; enfin la septième par Sani ; c'est la Souarga la plus élevée dite Satioloka (demeure de vérité).
Après avoir créé les Souargas, éclairées par les Dévatas ou génies lumineux, Brahmâ créa Mritolokâ ou la terre avec ses deux luminaires, puis les sept Patalas ou régions inférieures, opposées aux Souargas. Les Patalas étaient éclairées par huit escarboucles placées sur la tête de huit Nangas ou serpents.
Ceci fait, Brahmâ procéda à la création des êtres qui devaient peupler l'immensité, notamment une multitude d'esprits célestes, parmi lesquels nous mentionnerons les Apsaras, les Gandharvas, les Menus, les Richis, les Vassous et d'autres encore.


La descendance de Brahmâ et le peuplement de la terre

De son hymen avec sa sœur Sarawasti, Brahma eut un grand nombre d'enfants, qui, à leur tour, donnèrent naissance aux Dévatas (génies bienfaisants) et aux Daïtas (mauvais génies).
Enfin, Brahmâ n'avait plus qu'à peupler la terre. Dans ce but, il tira de lui-même Menou Sowambhouva qu'il maria avec Sataroupa, la première femme créée par Brahmâ.
Pour le peuplement de la terre une autre tradition nous apprend que ce furent les quatre fils de Brahmâ : Brahman, Ktchatria, Vaïcia, Soudra, qui se chargèrent de cet office et devinrent les chefs des quatre castes principales.
Le Manava-Dharva-Sastra apporte divers changements à cette tradition. Ainsi : Brahm, le Dieu suprême, se montre sous forme d'eaux primordiales, sur lesquelles flottent l'œuf d'or (Hiaranyagarbha) dont nous venons de parler, duquel sort Brahmâ qui, flottant sur les eaux, est surnommé à cause de cela Nârâyânâ. C'est alors que le nouveau Dieu créa le monde physique en faisant fructifier les semences de toutes choses contenues dans l'Œuf symbolique. Il forma tous les êtres organisés en vivifiant Mâhâtma (la grande âme) par Mânâ, l'intelligence infinie et par Ahânkârâ, l'intelligence déterminée. Ces trois grandes émanations de Brahmâ (Mâna, Mâhâtmâ et Ahânkârâ) se combinant avec les cinq éléments (eau, terre, feu, chaleur, lumière) donnèrent naissance à la création toute entière, depuis les Dieux jusqu'à l'homme, qui parut le dernier et naquit Androgyne.


Brahmâ selon Creuzer

D'après Creuzer, Brahmâ, « c'est Brahm déterminé, c'est l'énergie créatrice de Brahm, c'est l'être descendant dans la forme, la substance se révélant dans le phénomène, l'esprit venant animer la matière, le moi universel, le roi de la nature, la loi du Très-Haut gouvernant le monde, qu'elle a fait, d'après les lois invariables qu'elle s'est prescrite.
Brahmâ, c'est l'âme du monde, c'est la matrice des êtres, le père, le générateur, le plus ancien des Dieux, le maître de toutes les créatures, le régulateur des éléments, le frère aîné du soleil le type du temps et de l'année, l'oracle du destin, la couronne de l'Univers... Brahmâ, c'est l'intelligence incarnée dans le monde et dans l'homme, au commencement des temps et s'incarnant de nouveau dans les cours de chaque âge, à chaque révolution de l'Univers. Il est la parole par qui tout fut créé, tout vivifié, il est le chef invisible des Brahmanes, le premier ministre du Très-Haut, le prêtre, le législateur par excellence, la science, la doctrine, la loi, la forme des formes. »


Les représentations de Brahmâ

Les représentations de ce Dieu sont comme ses noms, fort diverses. On le représente avec quatre têtes, il a aussi quatre bras et porte habituellement un sceptre, l'arc de Parvati et le livre des Védas. Sa monture est le cygne Ha, ou bien l'oie Hamsa. On l'appelle le nom à quatre faces (Tchatour Anânâ) à huit oreilles (Astha-Karna). Par ses quatre faces, Brahmâ exerce la suprême et absolue souveraineté ; par ses huit oreilles, il sait tout, il entend les vœux et les gémissements de tous et rien de ce qui a lieu sur la terre et au ciel ne saurait lui être caché. Nous venons de dire que Brahmâ possède quatre têtes ; il devrait en avoir cinq, mais l'une d'elles fut brûlée par le feu sorti de l'œil de Çiva, comme punition des paroles peu respectueuses prononcées par lui contre Çiva.
D'autres représentations montrent ce Dieu toujours à quatre têtes, mais tenant dans ses mains, la chaîne qui soutient les Mondes, le Livre de la Loi, le poinçon à écrire, enfin, un vase. Au-dessus de ses têtes, on voit souvent une conque surmontée d'une flamme, portée parfois sur l'œuf du Monde. Il est également couché sur des feuilles de Lotus (Nelumbium speciosum). Mais, le plus souvent, il est monté sur le grand volatile Hamsa, sa tête est alors ornée de Lotus.
Quelques monuments figurés nous montrent Brahmâ avec des attributs de Vishnou et réciproquement, c'est que quelquefois l'on confond et l'on assimile Brahmâ et Vishnou, parce que le premier est considéré comme une émanation du second.


Les surnoms de Brahmâ

Les surnoms de Brahmâ sont très nombreux. Les plus usités sont : Ananda (sans commencement) ; Achariri (l'incorporel) ; Abaricedi (l'illimité) ; Adjavaia (semblable à lui-même) ; Astha-Karna (à huit oreilles) ; Hamsa-Vâhana (monteur de l'oie) ; Içouara (le Seigneur) ; Kama-Laçena (assis sur le lotus) ; Parama (le bienfaiteur) ; Parabara (l'excellent) ; Para Brahma (le Grand Brahma) ; Paramiçoura (le très-haut Seigneur) ; Souada-Çatta, Souadacal, Souaïambou (qui est par lui-même) ; Tchastava (le vengeur) ; Tchatour-Mukha ou Tchatour ananâ (aux quatre visages) ; Satchdava (le créateur) ; etc., etc.

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